C’est dans les sillons du Comté de Portneuf que germe en 2013 l’idée de Carotté sous la houlette de Médé Langlois. Ce personnage haut en couleurs est le fier descendant d’une lignée d’agriculteurs établis au bord du Chemin du Roy depuis 1667 dont il poursuit aujourd’hui la tradition ancestrale en cultivant la terre. De tout temps, la musique folklorique anime la ferme familiale et rassemble les habitants des alentours. Dès l’enfance, Médé s’impreigne de cet héritage culturel avant de découvrir à l’école secondaire le punk-rock (Bérurier Noir, Ludwig Von 88, Me Mom and Morgentaler… ), puis de tenir à son tour la guitare au sein du groupe Les Houlala!. En apparence éloignés, ces deux courants musicaux subissent l’ostracisme à leurs époques respectives tout en exaltant les mêmes valeurs participatives. Médé nourrit naturellement l’envie de les associer. Un désir qu’il concrétise après sa rencontre avec la formation Les Quéteux qui se produit régulièrement sur un marché local. À ce trio traditionnel composé de Manuel Lavallée (banjo, harmonica, guitare acoustique, guimbarde), Étienne Bourré-Denis (violon, mandoline, guimbarde, tape-pieds) et Simon Lavallée (basse) s’ajoutent deux rescapés du groupe punk Eric Panic : Éric Roberge (chant) et Max Doré (batterie).
Ainsi constitués, ces enfants terribles de La Bottine Souriante nourrissent leur répertoire de chansons empruntées à la mémoire collective qu’ils dépoussièrent à coups de décibels, mais aussi de compositions originales. Sur cette musique festive se greffent des textes à forte teneur sociale comme autant de chroniques de la ruralité trouvant parfois des échos auprès des zones urbaines. Carotté se fait ainsi le porte-voix d’un monde agricole dont l’expression est souvent bridée ou ignorée. En février 2015, la formation livre une première moisson sur Punklore et Trashdition. Réalisé par Vincent Peake (Groovy Aardvark, Grimskunk) avec la complicité de Pierre Rémillard (Vulgaires Machins, Voivod, Mononc Serge & Anonymus… ) derrière la console, cet album reçoit un très bon accueil de la critique et se voit nommer au Gala GAMIQ dans la catégorie «Album heavy (Punk & Métal) de l’année». Cinq vidéoclips (Invisible, Tape la bizoune, Veillée chez Médé, Un gars du Far West, Souffrance) en sont extraits, véritable polyptyque à l’image du groupe. Carotté enchaîne également les prestations, comptabilisant plus de 100 spectacles, veillées improbables entre La Bolduc et les Sex Pistols qui font danser des rangs campagnards jusqu’aux parterres des grands festivals (Francos de Montréal, Festival d’été de Québec, Festival de la Chanson de Tadoussac… ). Ce succès grandissant ouvre aux six protagonistes les tribunes médiatiques (ICI Radio-Canada, TVA, La Presse, Le Devoir, Le Soleil, Journal de Québec, Métro, Voir… ). Médé reçoit même sur ses terres l’équipe de la populaire et respectée émission française Cash Investigation afin d’expliquer la lutte qu’il mène avec la population locale contre l’oléoduc du projet Énergie Est. Épousant le dicton « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes », Carotté use de la même recette pour un deuxième opus, « Dansons donc un quadrille avant de passer au cash », disponible depuis le 2 novembre 2018. Dès sa parution, l’album connaît un succès sans précédent au Québec, notamment avec l’extrait « Chant de pot » dont le vidéoclip devient extrêmement viral sur le web en plus d’être diffusé massivement sur les ondes des radios de la province durant le Temps des Fêtes 2018. Le groupe y trouve une porte d’entrée vers un public encore plus large qu’à l’époque de son premier opus, ce qui l’amène à se donner en spectacle massivement durant toute l’année, et ce autant en salle que dans les festivals d’été. Après avoir tourné partout dans la belle province, en région et même aux Francofolies de Montréal aux côtés des pionniers de Ludwig Von 88, Carotté part ensuite rejoindre ces derniers dans leur pays d’origine, afin de planter ses premières semences en sol français lors d’une tournée conjointe à l’automne 2019